22 mois : c’est l’âge où un enfant peut surprendre, dérouter, inquiéter ou amuser par la variété de ce qu’il dit, ou ne dit pas. Certains alignent une cinquantaine de mots, d’autres n’ont toujours pas envie de s’y mettre. À cet âge, nul seuil magique, mais des repères pour accompagner l’éveil du langage et savoir quand lever le sourcil.
D’un enfant à l’autre, la progression diffère radicalement. Ce n’est pas seulement le nombre de mots qui varie, mais aussi leur nature, des prénoms pour les uns, des actions pour les autres, ou encore des demandes insistantes. Les spécialistes évoquent des jalons à surveiller, tout en rappelant le poids du cadre familial, l’importance des échanges et de la vie quotidienne dans cette aventure linguistique.
Comprendre le développement du langage entre 1 et 3 ans : ce qui évolue vraiment
À partir de la première bougie, le vocabulaire commence à s’élargir. Les premiers mots apparaissent, souvent ceux qui ponctuent le quotidien : « maman », « papa », « doudou », « encore ». Ces mots ouvrent la voie à l’expression orale, mais derrière ces balbutiements, tout un monde de compréhension et de communication silencieuse se construit. Les gestes, le babillage omniprésent vers 15-18 mois, et le fameux pointage (l’enfant désigne du doigt ce qu’il veut ou ce qu’il observe) deviennent des signaux forts de cette progression.
Aux alentours de 18 mois, un enfant utilise en moyenne entre 10 et 40 mots. Passé le cap des 22 mois, il enrichit son répertoire, pioche dans ce qu’il entend à la maison, à la crèche ou chez le voisin. L’environnement compte : une fratrie loquace, un adulte disponible, tout cela influe sur le rythme d’acquisition. Certains enfants, d’ailleurs, privilégient la compréhension : ils saisissent bien plus qu’ils n’expriment. D’autres n’hésitent pas à assembler deux mots, frôlant les prémices de phrases : « veux gâteau », « encore eau ».
Règle générale : l’enfant comprend avant de parler. Il capte d’abord les consignes, les nuances, avant de les restituer. Le carnet de santé jalonne ces étapes et rappelle qu’un silence persistant à 2 ans doit alerter. Jeux, lectures partagées, dialogues à tout-va nourrissent l’apprentissage. Le pointage, le regard croisé, ces petites attentions sont déjà des tentatives de communiquer, indispensables pour que le langage structuré émerge.
Pour y voir plus clair, voici ce que l’on constate souvent à ces âges :
- Mots produits : de 10 à 40 vers 18 mois, puis de 50 à 300 à l’approche des 2 ans
- Assemblage de mots : généralement acquis entre 22 et 24 mois
- Variabilité marquée : chaque enfant avance à son propre rythme
La présence d’une fratrie ou la vie en collectivité peut accélérer l’acquisition de nouveaux mots, mais chaque parcours reste unique. Les repères sont là pour guider, jamais pour enfermer dans une norme.
Quels mots un enfant de 22 mois utilise-t-il le plus souvent ?
À 22 mois, le vocabulaire s’enrichit à toute vitesse. On estime qu’un enfant de cet âge utilise spontanément entre 30 et 100 mots. Ces mots sont le reflet de son univers immédiat : ses proches, ses besoins, ses émotions. Ce sont les mots du quotidien qui dominent : « maman », « papa », « eau », « encore », « non », « dodo », « gâteau », « là », « tiens ». Les personnes, les objets familiers et quelques actions se taillent la part du lion.
Pour donner un aperçu plus précis, les mots les plus courants à cet âge se répartissent ainsi :
- Personnes et repères affectifs : les prénoms de l’entourage, « maman », « papa », parfois « papi », « mamie ».
- Objets usuels : « doudou », « tétine », « bibi », « voiture », « ballon ».
- Besoins et demandes : « encore », « fini », « donne », « veux ».
- Verbes simples : « aller », « venir », « tomber », « manger ».
- Premiers adjectifs ou oppositions : « gros », « petit », « chaud », « froid ».
À cet âge, l’enfant ne se contente plus d’imiter. Il commence à varier, à oser des assemblages, parfois deux mots à la suite : « veux bras », « pas dodo », « fini gâteau ». Il comprend déjà bien plus de mots qu’il n’en dit. Les échanges, les habitudes familiales, les rituels du soir ou du matin façonnent ce stock lexical, qui prépare l’enfant à la structuration grammaticale attendue vers 2 ans. Certains préfèrent nommer les objets, d’autres s’attachent aux verbes ou aux consignes. Ce bouillonnement linguistique annonce les grandes étapes à venir.
Petites astuces du quotidien pour encourager l’apparition de nouveaux mots
Le développement du vocabulaire chez un enfant de 22 mois se tisse au fil des échanges ordinaires. Pas besoin d’activités sophistiquées : chaque interaction compte. Parler à son enfant pendant les gestes du quotidien, nommer ce qu’il voit, ce qu’il fait, ce qu’il ressent, tout cela nourrit ce terreau linguistique. L’environnement familial, les frères et sœurs, la crèche multiplient les occasions d’entendre et de tester de nouveaux mots.
Régulièrement, la lecture de livres adaptés stimule la curiosité et enrichit la compréhension. Les imagiers, les petites histoires, les albums aux illustrations claires sont de précieux alliés. Les comptines et les jeux de doigts aident à mémoriser, à jouer avec les sons et à aimer le langage. Les jeux d’imitation, de manipulation, invitent à nommer, commenter, demander, tout en favorisant l’attention partagée.
Voici quelques idées concrètes pour soutenir l’apparition de nouveaux mots :
- Proposez des choix à votre enfant : « Tu veux le livre ou la balle ? »
- Reformulez ses tentatives : s’il dit « dodo », répondez-lui « tu veux faire dodo ? »
- Soulignez chaque effort : un sourire, un mot d’encouragement, et la confiance s’installe.
Les écrans, et la télévision en particulier, méritent d’être limités : ils freinent l’acquisition du langage à cet âge. Pour les familles non francophones, il reste préférable de s’exprimer dans sa langue maternelle : la richesse des échanges prime sur l’uniformité. Ce sont la variété des situations et la qualité de l’écoute qui forgent le socle du langage, bien avant tout matériel éducatif.
Quand s’inquiéter et consulter : repérer les signes qui méritent une attention particulière
Ce qui interpelle à 22 mois, c’est la diversité et la fréquence des mots utilisés. Un enfant qui n’emploie aucun mot ou n’assemble pas deux mots à l’approche de ses deux ans mérite une attention particulière. La grande majorité des enfants à cet âge utilisent entre 50 et 300 mots ; une stagnation prolongée ou un mutisme doivent alerter.
Certaines attitudes appellent à la vigilance : absence de contact visuel, difficulté à répondre à son prénom, aucun geste pour montrer ou demander. Un enfant qui ne babille pas, n’établit pas d’échanges ou reste indifférent à l’interaction sociale peut présenter un trouble à explorer, ce qui justifie une évaluation par des professionnels.
Souvent, il est utile de vérifier l’audition : une gêne auditive peut freiner l’expression orale. Le carnet de santé recense les étapes à suivre ; un doute, une inquiétude, et il faut solliciter le pédiatre, l’orthophoniste, ou prendre contact avec un CAMSP ou une PMI.
Voici les situations qui justifient d’en parler à un professionnel :
- Pas de mots du tout à 18 mois : signalez-le au pédiatre.
- Aucun assemblage de deux mots arrivé à 2 ans : demandez un avis spécialisé.
- Perte de compétences acquises ou régression du langage : il faut consulter rapidement.
Les difficultés de langage, qu’elles soient isolées ou accompagnées d’autres troubles comme l’autisme, la dysphasie ou un retard global du développement, nécessitent un accompagnement adapté, souvent en équipe pluridisciplinaire. Agir tôt, c’est ouvrir le champ des possibles pour l’enfant et lui donner toutes les chances de s’épanouir avec les mots, à son rythme et à sa façon.


